Se rendre en Libye est devenu depuis environ cinq semaines un véritable casse-tête chinois pour les Tunisiens. Qu’ils soient des gens ordinaires cherchant à rendre visite à leurs proches, des hommes d’affaires ou encore des commerçants, les Tunisiens se voient obligés de payer une taxe d’entrée de 150 dinars et de justifier d’un minimum de 1.000 dollars américains ou de son équivalent en euros. Une mesure qui concerne depuis juin dernier tous les ressortissants étrangers souhaitant accéder au territoire libyen, mais dont les tunisiens ont été jusqu’ici dispensés. La nouvelle règlementation provoque une grande stupéfaction dans les postes frontaliers, dont notamment celui  de Ras Jedir par lequel transitent quotidiennement quelque 18.000 passagers.
Les nouvelles dispositions prises d’une manière unilatérale par la Libye sont d’autant plus embarrassantes que plus de 80% des Tunisiens visitant la Libye sont des  commerçants ou des touristes à revenu modeste.
Les Libyens, quant à eux, entrent toujours aussi librement en Tunisie attirés par l’hospitalité de leurs voisins mais aussi par des prestations sanitaires de qualité. Près d’un million et demi d’entre eux s’y sont rendus en 2009, presque autant de Tunisiens faisant le chemin inverse, essentiellement pour le commerce. Mieux, les visiteurs libyens ne sont en aucun cas appelés à payer des taxes, ni de disposer d’un minimum de devises étrangères. Ils peuvent même payer leurs achats  en Tunisie en dinars libyens.
La libre circulation des hommes et des marchandises qui était en vigueur entre la Tunisie et la Libye a jusqu’ici favorisée un développement fulgurant des  échanges commerciaux entre les deux pays. Rien qu’ne 2008, ces échanges ont enregistré une hausse de 38.7% pour une valeur de 2.3 milliards de dinars. Selon des sources proches du dossier, les négociations au sujet des nouvelles dispositions prises par la Libye se poursuivent  entre les deux gouvernements qui semblent soucieux de préserver des relations économiques et politiques excellentes. Une dispense pourrait être accordée durablement aux Tunisiens.  
     
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