Moncef Marzouki, défenseur des droits de l'homme et farouche opposant à Ben Ali, a été élu lundi par l'Assemblée nationale constituante président de la République tunisienne.

Moncef Marzouki, 66 ans, dirigeant du Congrès pour la République (CPR, gauche nationaliste), a été élu par 153 voix pour, 3 contre, 2 abstentions et 44 votes blancs sur un total de 202 votants sur les 217 membres de l'Assemblée.
L'hymne national a retenti dans l'hémicycle, alors ses partisans criaient «fidélité aux Martyr de la révolution! »
Costume gris, chemise blanche mais sans cravate comme toujours, M. Marzouki, un médecin de formation, a remercié tous les députés: «Votre présence est primordiale. Le message par lequel vous me dîtes +nous t'aurons à l'oeil+ est bien reçu", a-t-il lancé en direction de l'opposition qui a voté blanc.
«Ce jour est mémorable, vive la Tunisie du plus profond de mon cœur», a-t-il ajouté, se disant «fier de porter la plus précieuse des responsabilités, celle d'être le garant du peuple, de l'Etat et de la révolution ».
 
Salué par les uns comme « une personnalité intègre» au "parcours irréprochable", il est critiqué par d'autres qui le considèrent comme "le pion d'Ennahda" ou qui ne lui pardonnent pas de s'être déclaré candidat à la présidence de la République trois jours seulement après la fuite de Ben Ali, le 14 janvier. Si son positionnement de gauche n'a jamais varié, il s'est en effet rapproché d'Ennahda, notamment sur la question de l'identité arabo-musulmane, qu'il a brandie haut et fort pendant la campagne pour les élections.
 
Quelques mois avant le scrutin, il fustigeait "la vieille gauche laïcarde et francophone, totalement déconnectée des vrais problèmes de la société tunisienne". Et, au lendemain des élections, il réfutait les critiques de ceux qui l'accusent d'avoir "pactisé avec le diable" pour obtenir un fauteuil présidentiel : "Il ne faut pas prendre Ennahda pour les talibans de la Tunisie, c'est quand même une fraction modérée de l'islamisme", déclarait-il. Tout en soulignant qu'il y avait "des lignes rouges" sur lesquelles il ne transigerait pas : "Les libertés publiques, les droits de l'homme, les droits de la femme, de l'enfant.
 
"Docteur en médecine de l'université de Strasbourg en 1973, il a été professeur de médecine à l'université de Sousse (Sud-Est) de 1981 à 2000. Très engagé en faveur des droits de l'homme, il entre en 1980 à la Ligue tunisienne des droits de l'homme, dont il deviendra président neuf ans plus tard, avant d'en être exclu en 1994, lorsque les partisans de Ben Ali reprennent le contrôle de l'organisation.
 
M. Markouzi sera investi mardi après une prestation de serment au Palais présidentiel de Carthage. Sa première mission sera de désigner le chef du gouvernement, qui devrait être l'islamiste Hamadi Jebali.
Il devrait renoncer à toute responsabilité dans sa formation. 
 
 
WAK