«En dépit des signes de relance, la crise est  toujours là. Ses impacts sur les classes européennes qui constituent le cœur de cible des touristes pour le Maghreb perdurent». C’est en ces termes circonspects que M. Ahmed Smaoui, ancien ministre, a qualifié la situation actuelle du secteur touristique lors d’un colloque international sur le thème « Tourisme méditerranéen et crise mondiale», qui se tient depuis le 9 mars  à Tunis. 
M. Samoui, qui se prévaut d’une expérience de plus 30 ans d’expérience dans le secteur puisqu’il a été notamment secrétaire d’Etat au tourisme, directeur général de l’Office National du Tourisme Tunisien (ONTT) et de PDG de Tunisair avant d’être nommé ministre du des transports puis des affaires sociales, a précisé dans une communication intitulé «quel avenir pour le tourisme maghrébin?» que la convalescence risque d’être longue malgré une légère reprise. C’est que la crise a provoqué une envolée du chômage (plus de 8 millions de chômeurs en Europe, et plus de 4 millions aux Etats-Unis) et une baisse sensible de du pouvoir d’achat. «Si le pouvoir d’achat continue à baisser, le tourisme risque d’être affecté d’une manière durable »,  a mentionné le conférencier. Que doivent faire les destinations maghrébines pour s’adapter à ce nouveau contexte de reprise fragile ? «L’investissement dans la mise à niveau en Tunisie et dans le lancement de nouveaux projets au Maroc ne constituent pas des solutions adaptées à une sortie de crise rapide. Il faudrait extrêmement réactifs  et adapter leurs offres aux nouveaux besoins des marchés émetteurs (séjours plus courts, originaux et moins chers) pour profiter les premiers frémissements qui apparaissent », conclut M. Samoui.
L’ancien ministre, toujours très sollicités dans les débats sur le tourisme, a fait savoir que  le tourisme maghrébin a subi de plein fouet les retombées fâcheuses de la crise financière et économique mondiale. La Tunisie a, en effet, vu le nombre de ses visiteurs en 2009  se limiter à  6,9 millions d'entrées, soit une baisse de 2,1%. Les marchés européens ont connu une baisse de -8%, avec un effondrement total des performances des marchés de l’Europe de l’Est qui chuté d’entre de -20 et 40%. Cette baisse a été compensée par une augmentation de 8% des entrées des Algériens et des libyens.
Le Maroc a,  toutefois, terminé l'année dernière avec une progression de 6% en glissement annuel en termes du volume des arrivées aux postes frontières (+ 460.000 touristes.) grâce notamment à ses émigrés qui ont représenté 50% des entrées.
La crise a, d’autre part, engendré un ralentissement des investissements dans le secteur, selon M. Smaoui. «Tous les mégaprojets immobiliers et touristiques annoncés par des investisseurs arabes sont morts si l’on veut être pessimistes, différés si l’on veut être optimistes et stoppés pour l’instant, si l’on veut être réalistes», a-t-il indiqué.