Les textes d’application du nouveau Code des Ports Maritimes, qui accorde désormais, la tutelle des ports de plaisance au Ministère du Tourisme en tant qu’autorité portuaire, ne sont pas encore promulgués et déjà, le conflit entre professionnels de la plaisance et administration sont exposés en pleins jours.
La table ronde, organisée par le magazine "Tourisme Infos", sur l’avenir de la plaisance en Tunisie, a mis au grès des jours, les problématiques, grandes d’ailleurs, du secteur de la plaisance et des services annexes, soit les chantiers navals, les entreprises de fabrications de bateaux, les procédures administratives, trop lourdes et perturbant, au sens des professionnels, le développement de l’activité Plaisance dans le pays, pourtant au potentiel important, pour supporter une activité autant fructueuse, à forte valeur ajoutée et surtout à forte employabilité.

Le tourisme de plaisance a-t-il de beaux jours devant lui?  Constitue-t-il un produit touristique à part entière? Quelles sont ses principales problématiques? Qu’en sera-t-il après l’entrée en vigueur des nouveaux textes règlementaires ?


Au regard des interventions des uns et des autres, à la table ronde, il n’y a pas de grande visibilité pour les professionnels. On nage dans le flou total, la confusion, la désinformation et le manque de communication. Pour l’administration, par contre, c’est tout à fait clair et net : il y a un texte de loi, un code des ports maritime qui doit être appliqué. Chacun sur son petit nuage voit les choses à sa manière et voudrait qu’elles se déroulent selon sa vision des choses.
Ceci étant, le Code est promulgué, il est là. Il devrait entrer en vigueur, après la promulgation des décrets d’application, prévus pour l’année prochaine. Il n’y aura pas de marche arrière, dans ce sens. Le ministère du Tourisme sera à partir de 2011, l’autorité portuaire des ports de plaisance. Une intrusion que les professionnels regardent d’un mauvais œil, et avec beaucoup de précaution.
Il est difficile après un fonctionnement de plus de 30 ans, sans autorité portuaire, une gestion des ports par les directeurs et capitainerie des ports, d’accepter une nouvelle autorité qui s’impose de par la loi. Néanmoins, ils n’ont pas le choix, selon Slaheddine M’Zabi, conseiller du ministre du tourisme, les professionnels, peut-être pas tous, mais une bonne partie, ont participé aux travaux de la commission d’élaboration du Code des Ports Maritime.
Donc, pour lui, ils sont au courant des textes de lois et sont tenus de les appliquer. En d’autres termes, il est trop tard de se jeter des accusations, ni de se faire des reproches. Le fait est là et il faut s’y conformer certes. Par contre, tout comme l’administration de tutelle a instauré un partenariat agissant et actif avec les hôteliers, les agents de voyages, un partenariat similaire avec les professionnels de la plaisance ne peut qu’être bénéfique à une activité dont les problématiques sont importantes et en premier lieu, la pesanteur des procédures administratives relatives à l’entrée et à la sortie des ports, à la livraison des navires fabriqués en Tunisie à leur propriétaire étranger, à l’immatriculation des bateaux...

Cependant, sachant qu'il existe pour l'instant qu'un seul et unique port de plaisance privé opérationnel, à savoir le port de Yasmine Hammamet, il est difficile de parler de partenariat! Peut-être serait-il le cas pour les prochains ports de plaisance au programme de la stratégie tunisienne en matière de plaisance (Lella Hadhria,-Djerba, Zarzis, Kerkennah, Ben Gharaydha...) et ses répercutions, où l'Etat compte sur les investissements privés.

L’administration gagnerait en engageant un dialogue avec les professionnels de la plaisance, avant qu’elle n’investisse de droit, les lieux, afin de régler les problèmes, remédier aux lacunes et garantir en définitive, la volonté de tous : le développement de la plaisance en Tunisie. Car, de l’avis de Afif Kchok, directeur et éditeur de Tourisme Infos, la confusion règne, le manque de communication, voire son absence totale, l’emporte. Du coup le débat est faussé et chacun campe sur ses positions, d’où l’impasse. Or, la plaisance est une activité à forte valeur ajoutée qui avait bien démarrée à son départ, 1975 date de la première étude, suivie d’une seconde dans les années 90, et d’une troisième avec une stratégie, dont personne ne savait rien, jusqu’à cette table ronde, sur le développement de la plaisance en Tunisie.  Cependant, aujourd’hui encore, nul n’est en mesure d’affirmer que la plaisance a gagné ses lettres de noblesse sous nos cieux quoique ce ne sont pas les atouts qui manquent. La Tunisie n’accueille qu’à peine 0,7% des bateaux des 230 mille bateaux sillonnant la méditerranée.

L’heure n’est pas désormais, aux jets de pierre et des accusations. L’heure est plutôt à la réflexion commune, au partenariat entre administration du tourisme et professionnels de la plaisance afin d’assurer la montée en gamme du produit. Car, il ne suffit pas de vendre des anneaux, parce que nos ports offrent les plus bas tarifs en Méditerranée. Il faudrait par ailleurs, développer tout l’environnement qui va avec la plaisance, notamment les grands bateaux, sachant qu’un plaisanciers dépenses 16 fois plus qu’un touriste normal....la situation donne à réfléchir pour que les deux partenaires, main dans la main puissent résoudre les problématiques de la plaisance en Tunisie, notamment avec les différentes autorités ministérielles intervenantes, en l’occurrence le ministère des finances (Douanes, Banque Centrale de Tunisie), le ministère de l’intérieur (police des frontières pour toutes les formalités), ainsi que le ministère de l’environnement pour les questions afférentes à la protection de l’environnement, la promotion, le marketing, et l’amélioration de l’image de marque de la Tunisie, en tant que destination de plaisance.


 

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