Il y a quelque temps, Adel Boussarsar, figure emblématique et incontournable du tourisme en Tunisie, annonce qu’il jette l’éponge et quitte le navire. Son endettement en est la cause. N’arrivant pas à honorer, il décide de mettre 8 unités hôtelières à la vente. Cette nouvelle secoue le milieu hôtelier et touristique. Mais crée également le buzz au lendemain du franc succès des dunes électroniques. Et depuis ce buzz, plus rien sur Boussarsar et sur sa décision.


Son endettement n’est pas une exception. C’est plutôt la règle pour son secteur. D’ailleurs, Amel Karboul, arrivant à la tête du ministère du tourisme il y a plus de trois mois ne pouvait se permettre d’occulter ce dossier épineux. Oui épineux au point de coûter leurs postes à ceux qui risquent de faire la sourde oreille ou d’aller dans un sens contraire à la volonté des professionnels. Car ceux-là font la pluie et le beau temps… non pas de la destination mais de l’administration. Chaque ministre se doit d’avoir les professionnels de l’hôtellerie dans sa poche pour terminer son mandat tranquille.


Donc, la ministre s’est entretenue avec qui de droit des banquiers afin d’essayer de trouver une solution. Or, cette dernière n’est pas très évidente car de deux choses l’une : les professionnels endettés et surendettés remboursent ce qu’ils doivent aux banques ou l’Etat éponge leurs dettes. Et c’est plutôt la deuxième alternative qui les arrange. D’ailleurs, la révolution semble être une aubaine pour eux ainsi que la crise économique car ce climat leur permet de clamer l’éponge de leurs dettes. Et bien que la plupart ne dise pas haut ce qu’elle pense c’est pourtant le désir de cette majorité écrasante.


Et Boussarsar de leur rendre un grand service par son annonce qui a eu l’effet d’une foudre dans le milieu. Pourtant, de source opérant au sein de son groupe, Boussarsar n’a aucunement besoin de tout vendre. Une seule unité vendue lui permettrait de tirer son épingle du jeu. Mais ça n’aurait pas eu de l’effet. Or, quitter le navire pour un homme comme lui secoue le secteur à l’échelle nationale et au niveau international.


La question qui s’impose d’elle-même au sujet des professionnels tunisiens qui se lamentent, est ce qu’ils ont entrepris une quelconque opération avant ou après la révolution pour renforcer la destination ou pour la relancer comme c’est le cas aujourd’hui ? Est-ce que ces professionnels se sont réunis après le 14 janvier et sont sortis avec une solution parmi d’autres à proposer à l’administration à part éponger leurs dettes ? Est-ce que les hôteliers ont essayé d’épauler l’administration au lendemain de la révolution afin de mieux promouvoir la destination et la repositionner ? A part se plaindre de ce que l’on sait tous, y a-t-il une action concrète entreprise ou à entreprendre pour sortir du gouffre?

Certes, nombreuses sont les unités ayant fermé leurs portes. Mais il va sans dire qu’une révolution donne une situation particulière. Et le plus approprié serait de mettre la main dans la main et de trouver un moyen d’aider le secteur. Sachant pertinemment que l’hôtellerie elle-même n’est pas une solution pour la destination qui se doit de créer un environnement en dehors du béton. Et sachant également que la qualité de services n’est pas toujours au rendez-vous et ce n’est sans doute pas à cause de la révolution. Les Allemands par exemple ont déserté la Tunisie après une année formidable en 2001 à cause des services, en plus de l’attentat de la Ghriba. Ces doléances ont été communiquées par la plupart des To et agences de voyages ayant participé à une table ronde organisée à l’époque à Yasmine Hammamet. Faut donc arrêter de répéter que la révolution aurait touché aux services car ce n’est pas vrai. C’est notre maillon faible depuis belle lurette tout comme le bradage qui demeure une solution de facilité à chaque fois que la conjoncture tend vers la difficulté. Il est temps de passer à de nouvelles politiques en mesure de rendre notre offre compétitive à même de déranger les destinations concurrentes où les leçons à tirer et retenir sont nombreuses. Et on ne répétera jamais assez que le changement ne peut se faire sans douleur.


Maryem KADA BEN YAHIA
 

Photos hôtel Mehari Tabarka - Tunisie