Tourbet El Bey : Des salles abritant des sépultures princières et celles de hauts dignitaires du régime beylical | Tourismag.com
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Vue partielle de la plus ancienne des chambres funéraires réservées aux princesses husseinites. À la différence des tombes masculines, surmontées de cippes coiffés d'un turban ou d'un fez, les sépultures féminines présentent deux plaques rectangulaires au-dessus des sarcophages. (crédit photo : Mourad Ben Abdallah)

 

Tourbet El Bey, l’auguste panthéon de la dynastie des Husseinites…

 

Des salles abritant des sépultures princières et celles de hauts dignitaires du régime beylical


En dehors de la salle des souverains, et à l’exception d’une salle de construction tardive, qui renferme aussi bien la sépulture de Hédi Bey, entourée d’une clôture en bois peinte et ajourée, que les tombeaux de dix-huit princesses de sa famille, aucune des six autres salles principales de Tourbet El Bey n’abrite la sépulture d’un monarque.

Celles-ci accueillent essentiellement les sarcophages de nombreuses princesses, et dans une moindre mesure ceux de princes, dont des Beys du camp (princes héritiers), ainsi que les sarcophages de grands personnages de la cour husseinite.

Parmi ces six chambres funéraires, cinq d’entre elles abritent exclusivement des tombeaux de femmes, qui se distinguent de ceux des hommes par la présence, au-dessus des tombes, de deux plaques rectangulaires au lieu des cippes coiffés d’un turban ou d’un fez. La plus ancienne de ces pièces, renfermant seize tombeaux de princesses, fait face à la salle des souverains. De plan carré, elle est flanquée, aux angles, de douze colonnes en marbre blanc, coiffées de chapiteaux corinthiens et à volutes, qui supportent quatre arcs en plein cintre.

Elle est surmontée d’une belle coupole sur pendentifs, dont la calotte est divisée par huit larges nervures rayonnant à partir de la clef, laquelle est revêtue d’une rosace complexe en plâtre sculpté, à seize pointes, d’inspiration hispano-mauresque. Le plâtre finement ciselé, rehaussé de touches de couleurs rouge et verte, couvre également la calotte et ses nervures, ainsi que les arcs et la partie supérieure des murs ; les motifs ornementaux se rattachent tant au répertoire ottoman, comme les cyprès et les étoiles à huit branches, qu’au répertoire arabo-andalou illustré par divers types de rosaces et des motifs géométriques enchevêtrés. La partie inférieure des murs est agrémentée d’une parure de carreaux de céramiques, d’une saisissante richesse polychromique, qui diffèrent par leur style et leur provenance. Les faïences les plus remarquables consistent dans de splendides productions des ateliers de Qallaline, représentant des niches feintes encadrant des vases, à partir desquels jaillissent des enroulements symétriques de rinceaux fleuris.


Cette salle, abritant les plus anciennes sépultures de princesses, forme, avec le patio à portiques et la salle des souverains, le noyau primitif du mausolée, datant de la seconde moitié du XVIIIe siècle. Les autres chambres funéraires, ainsi que le second patio, furent ajoutés aux XIXe et XXe siècles. Celui-ci, dépourvu de péristyle, accueillant deux sarcophages, dont celui de Mustapha Khaznadar, grand vizir des Beys Mohamed (1855-1859) et Sadok (1859-1882), précède une salle très allongée, pourvue d’une haute coupole ovoïde.

Cette pièce, soigneusement ornée de céramiques et de plâtre sculpté de manière exquise, renferme vingt-quatre sépultures de princes, dont celles de plusieurs héritiers du trône, à l’instar de Adil Bey (décédé en 1939) et de Ezzedine Bey (mort assassiné en 1953), et quatre tombeaux de premiers ministres pendant la période du protectorat français. Ces derniers, Mohamed Aziz Bouattour, Mohamed Djellouli, Youssef Djaït et Mustapha Dinguizli, sont issus de familles tunisiennes, alors qu’avant l’instauration du protectorat en 1881, la plupart des grands vizirs étaient des mamlouks originaires du Caucase ou de l’Europe de l’Est.

 


Les funérailles solennelles d’un souverain husseinite


Si le cérémonial, accompagnant le décès d’un prince ou d’une princesse, était revêtu d’une importance particulière, celui d’un monarque était entouré d’une grande solennité. Avant l’abolition de l’esclavage, décrétée en 1846 sous le règne d’Ahmed Bey Ier, les cortèges funèbres des souverains comprenaient des manifestations exceptionnelles, telle la libération de nombreux esclaves ; ces derniers portaient des piques au bout desquelles étaient accrochées, de manière spectaculaire, leurs brevets d’affranchissement. Après 1881, et pendant toute la période du protectorat français, le cérémonial mortuaire resta immuable, en particulier depuis l’enterrement de Hédi Bey, en 1906, jusqu’aux funérailles, en 1942, du dernier monarque inhumé au panthéon husseinite, Ahmed Bey II.

Dès le décès du souverain, celui qui était avant son trépas le prince héritier, désigné sous le nom de Bey du camp, prend en main la direction des obsèques. Tout d’abord, il ordonne le transfert du corps du défunt depuis son palais jusqu’à celui de Ksar Saïd, transporté sur un corbillard tiré par des chevaux. C’est dans un grand salon du premier étage, théâtre de la signature du traité du Bardo le 12 mai 1881, que se déroule la toilette du mort.

Ensuite, le cortège funèbre, incluant le nouveau monarque, les princes du sang et tous les grands dignitaires de la cour, se dirige vers la Kasbah, au cœur de Tunis, où toutes les hautes autorités du pays, ainsi que le résident général de France et les consuls des pays étrangers, rendent hommage au Bey défunt.

Après le déroulement de la « Salat Al-Janaza » (prière sur les morts), le cortège, avec le cercueil porté sur une sorte de civière, s’achemine vers Tourbet El Bey. Le nouveau souverain n’accompagne celui-ci que jusqu’au palais du Dar El Bey, ancienne résidence tunisoise des Husseinites et actuel palais du gouvernement, car aucun monarque ne doit se rendre, de son vivant, à l’auguste mausolée. Après l’enterrement, la « Burda », poème à la gloire du Prophète, est récité, autour du tombeau, durant quarante jours d’affilée.

 
Vue partielle de la salle qui abrite les sépultures des princes beylicaux, dont celles de plusieurs princes héritiers, ainsi que les tombeaux de quatre premiers ministres tunisiens pendant la période du protectorat français. De forme allongée et de largeur exiguë, cette pièce est couverte d'une haute coupole ovoïde, revêtue d'ornements en plâtre sculpté. (crédit photo : Mounir Rais)


Une fermeture prolongée et des abords indignes de la valeur patrimoniale du monument


Depuis un certain moment, le mausolée de Tourbet El Bey est fermé en raison de travaux de restauration. Si la nécessité de ces derniers est incontestable, il n’empêche que leur prolongement, rendant inaccessible l’un des plus précieux monuments de la médina de Tunis, est une source de déception aussi bien pour le visiteur tunisien, que pour le touriste étranger qui manque ainsi la découverte d’un édifice clé de l’histoire monarchique du pays. Par ailleurs, il est pertinent de souligner l’aspect lacunaire des campagnes de restauration que la nécropole a connu ces dernières décennies, et qui semble persister…

 

Depuis sa restauration dans les années 1960, menée par l’Institut national d’archéologie et d’art, devenu Institut national du patrimoine en vertu du décret du 26 juillet 1993, les diverses campagnes de sauvegarde furent rarement menées à leur terme. Dans ce contexte, il est regrettable que les façades extérieures, de mêmes que les coupoles, notamment celles couvertes de tuiles vertes, continuent de souffrir de multiples altérations, à l’instar des fissures, des lézardes, et des végétations qui détériorent la pierre de taille, sans oublier la présence saugrenue d’une antenne parabolique, au-dessus des toitures, ce qui n’est guère compatible avec le statut de Tourbet El Bey, inscrite sur la liste des monuments historiques et archéologiques classés et protégés en Tunisie, et ce depuis 1913 !

 
Si l’état extérieur du mausolée suscite des inquiétudes et des interrogations, il en va de même de ses abords. Il est incompréhensible qu’un monument historique de cette importance, situé, de surcroit, dans un espace urbain classé au patrimoine mondial de l’Unesco, soit malencontreusement défiguré par la présence d’un dépotoir d’ordures nauséabondes. Celui-ci est situé, à quelques mètres de Tourbet El Bey, au pied de Tourbet El Fellari, première nécropole d’Hussein Bey Ier. Outre l’existence de ces ordures infectes, les façades de cette dernière sont noircies par la saleté et le manque d’entretien, qui est, hélas, le lot quotidien de notre inestimable patrimoine architectural.

 Joyau du patrimoine funéraire national, Tourbet El Bey, certainement l’un des plus beaux monuments de la médina de Tunis, conserve la mémoire d’une dynastie ayant régné sur notre pays pendant deux cents cinquante-deux ans. Mausolée d’une immense valeur historique et architecturale, il mérite amplement une restauration et une mise en valeur qui soient à la hauteur de son importance patrimoniale.

 

Par Mohamed Khaled Hizem

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