BIZERTE I BÉJA 

 

Culture et nature

Le gouvernorat de Béja est généralement rattaché à la région du Nord-ouest. C’est un parti-pris tunisois qui considère à l’ouest du pays tout ce qui l’est par rapport à la capitale. Notre justification à nous est que cette région est rattachée pour ainsi dire physiquement à celle de Bizerte par le biais du massif des Mogods qui est à cheval sur les deux gouvernorats. Mais il va sans dire que toute classification de ce genre demeure peu ou prou arbitraire.
Cette région s’étend sur 7.638, 11 km² pour près d’un million d’habitants. Tandis que le gouvernorat de Béja a, de tout temps, eu une vocation essentiellement agricole, celui de Bizerte, grâce à son ouverture sur la mer en un endroit stratégique sur la Méditerranée, a dès l’Antiquité développé des activités adossées à l’agriculture, certes, mais aussi tournées vers le commerce interrégional dans le cadre d’échanges avec les autres peuples de Mare Nostrum qui englobaient produits frais, en conserve ou  transformés et produits de l’artisanat. Aujourd’hui encore, et en dépit de l’implantation à Béja de quelques unités industrielles (fabrique de sucre, fromageries conditionnement d’eau minérales et autres unités d’élevage animalier), le tableau est demeuré pratiquement inchangé. Bizerte est un port autour duquel s’est développé un important pôle industriel et les usines sont implantées en chapelet le long du littoral, de Zarzouna à Utique en passant par Ras Jebel mais l’activité agricole y demeure importante, basée surtout sur les cultures intensives et le vignoble.

Béja est un gouvernorat essentiellement rural où les cultures céréalières tiennent le haut du pavé (on est ici au cœur du « grenier de Rome » et de la Tunisie actuelle). Mais son chef-lieu est l’une des cités les plus anciennes de Tunisie (Vaga est assurément de fondation pré-punique) dans laquelle a prospéré à travers les siècles un mode de vie urbain et raffiné propice à l’essor de la culture. Mais c’est la capitale qui, toujours, a aspiré ses élites. Idem pour Bizerte. Cultures céréalières, mais également maraîchages et vignobles donnent au paysage bizertin une grande diversité, nettement dominée par la verdure une grande partie de l’année. L’ancienne Hyppo-Diarrhytus est probablement l’aînée de Carthage. Les vestiges antiques encore implantés au cœur des médinas arabes des deux cités témoignent à la fois de cet enracinement dans l‘histoire et de la permanence de celle-ci dans ces murs.
 

Un réseau serré de vestiges antiques

Hors leur chef-lieu respectif, ces gouvernorats sont constellés de localités de taille moyenne ou modeste (en particulier Méjez el Bab, Testour et Téboursouk, pour le gouvernorat de Béja ; El Alia, Ras Jebel et Rafraf pour celui de Bizerte) qui, elles aussi, reflètent cet enracinement.
En fait, cette partie de la Tunisie a été dans le passé l’une des régions les plus densément peuplées. Les sites et monuments s’y dispersent en un réseau serré de vestiges qui en disent plus long sur la prospérité et le progrès économique et social de la région par les temps passés que tout autres discours. Ce patrimoine est d’importance inégale. Certains sites sont aujourd’hui considérés comme phares, tel Dougga (l’antique Thugga), dans le gouvernorat de Béja ou Utique, dans celui de Bizerte.  Pour autant et malgré des efforts variables de mise en valeur et de promotion, ces sites ne rapportent que fort peu à cette région. En fait, le produit patrimonial est bien plus vaste et plus diversifié qu’on ne le pense. Il couvre, dans des manifestations souvent spectaculaires, toutes les phases de l’histoire du pays, de l’époque libyque (les nécropoles de Chaouach –délégation de Méjez el Bab) à l’ère coloniale (la localité de Thibar, non loin de Béja), en passant par les périodes romaine, vandale et byzantine (Aïn Tounga, l’antique Thignica), arabe (les médinas de Bizerte et de Béja), ottomane (Ghar el Melh) ou andalouse (Testour). Pour ne citer que les plus emblématiques de ces sites.


Plages et nature
Avec autant d’atouts, la région peine à développer une activité touristique conséquente. Encore à l’état embryonnaire dans le gouvernorat de Bizerte où les capacités d’accueil demeurent modestes en dépit d’une forte affluence estivale des nationaux qui se rabattent sur les parents résidents sur place ou s’en retournent chez eux en fin de journée. La restauration s’y porte nettement mieux avec quelques restaurants de renom qui ne servent que la cuisine internationale avec, toutefois, une prédominance du poisson, roi sous ces latitudes. Quant au gouvernorat de Béja, il est pour ainsi dire complètement dépourvu de toute infrastructure touristique, hormis deux modestes unités hôtelières et un bon restaurant qui, surprise, sert des spécialités locales.

Au rayon des loisirs, les plages de la côte bizertine s’étirent sur les flancs nord et est du pays en un cordon tantôt sablonneux, tantôt rocheux et constituent la principale attraction touristique dans la région durant la belle saison. A Béja, c’est plutôt la chasse, et particulièrement celle du sanglier  -d’octobre à février- qui fait courir les visiteurs.
Telle est la situation en cette fin d’année 2010. Mais on semble être à la veille de grandes actions pour lancer dans cette région le tourisme balnéaire (le gouvernorat de Béja a un déboucher sur la mer au niveau de la localité de Nefza). De mégas chantiers ont été lancés du côté de Bizerte pour doter ce gouvernorat d’infrastructures (port de plaisance, marina, résidences haut de gamme, parcs de loisirs) à la mesure de ses atouts. Mais c’est surtout le tourisme culturel et écologique que l’on s’attend à voir décoller dans les zones enclavées par la promotion de l’hébergement en maisons d’hôtes et en gîtes ruraux. Cela permettra à une clientèle ciblée de pouvoir séjourner dans les conditions d’hygiène et de confort voulues et de prendre leur temps dans la poursuite de leurs plaisirs parmi des ruines grandioses, dans des patelins pittoresques, dans la réserve naturelle de Khroufa (Nefza) ou dans le parc naturel national de l’Ichkeul (Mateur).
 

Crédit photo Skander CHIHI