Alors que les touristes français ont été rapatriés de Tunisie et que les professionnels du tourisme reprennent leur souffle, nous avons rencontré Georges Colson, spécialiste indéniable de cette destination. Pour une fois nous mélangeons les genres. A deux jours du grand rendez-vous de Louxor nous interrogeons à la fois le président du Syndicat mais aussi celui du Conseil de Surveillance de Fram.

Georges Colson : ''Il est trop tôt pour recommander à nos clients de repartir en Tunisie...''
TourMaG.com - La révolution tunisienne du 14 janvier aura pris tout le monde de vitesse. Comment se fait-il que la cellule de crise Quai d'Orsay - Ministère du Tourisme, - CETO - SNAV n'ait pas fonctionné ? On en attendait beaucoup plus de réactivité ?

Georges Colson :
"C'est presque par hasard, par une brève qui défilait sur une chaîne TV d'information, que quelques voyagistes ont découvert cette incroyable nouvelle : il était demandé aux ressortissants français de différer tout voyage non urgent en Tunisie.

Au Ministère des Affaires Etrangères, personne n'a eu le réflexe de coopérer et d'informer en amont les professionnels du tourisme. Notre contact était aux abonnés absents.

Nous n'avions aucune information nous permettant d'anticiper cette crise. Avec le CETO nous nous sommes plaints auprès de Frédéric Lefèbvre, secrétaire d'État au Tourisme, du non respect de ce qui avait un engagement du MAE.

Il semble que, de son côté, notre Ambassadeur à Tunis a mal estimé la gravité de la situation. Tout est allé si vite et les diplomates ne contrôlent pas les réseaux sociaux..."

T.M.com - Etait-il vraiment nécessaire de rapatrier dans une telle urgence ? Beaucoup de touristes sont rentrés en France à contrecœur, d'autres ont décidé de rester. De plus, la France n'a pas demandé le retour de ses ressortissants résidant en Tunisie ?

G.C. :
"En effet les zones touristiques notamment à Djerba et Zaris étaient calmes mais, vous l'avez vu, les flambées de violence pouvaient se déclarer soudainement un peu partout en Tunisie.

Ce fut le cas à Monastir où nous avons un établissement. Les clients n'étaient pas rassurés. Nous sommes responsable de la sécurité de nos clients et devons agir en conséquence.

Le moindre incident contre un touriste serait catastrophique pour le vendeur. Cela relève du pénal pur et dur. Les professionnels se sont remarquablement mobilisés.

Ils ont su gérer cette crise, une de plus alors que le métier reprenait des couleurs. Cela devient une habitude !"

 

T.M.com - Quel serait votre scénario pour une reprise du trafic touristique vers la Tunisie ? Durant combien de temps les producteurs vont-ils pouvoir reporter les voyages ?

G.C.
: "La sécurité et la stabilité politique sont les deux moteurs indispensables au développement du tourisme dans un pays.

La Tunisie doit retrouver sa sérénité. Cela risque de prendre du temps. Il est toutefois rassurant de voir Mohamed Jegham à la tête du tourisme dans le gouvernement provisoire. C'est un homme de métier. Il a déjà occupé ce poste dans le passé. Ce fut un ministre remarquable en son temps.

Je doute que la Tunisie puisse retrouver en 2011 les plus de 1 300 000 touristes français de 2010. En matière de report, il faut être réaliste. J'estime qu'il est encore bien tôt pour recommander à nos clients de partir en Tunisie.

Depuis le début de la semaine il n'y a pas beaucoup de candidats. Je suis convaincu que l'amitié qui lie naturellement les Français et les Tunisiens sera renforcée.

Nos compatriotes aimeront encore davantage une Tunisie libérale et démocratique. Je profite de votre support pour assurer à mes confrères tunisiens que dès que la situation sera sécurisée pour nos clients je serai le premier à promouvoir la destination. C'est ce que j'avais déjà fait après le Guerre du Golfe..."

T.M.com - Combien de clients FRAM y avait-il en Tunisie le 14 janvier dernier ? Combien de personnes Fram emploie-t-il en Tunisie ?

G.C.
:"Il y avait 1 700 clients dans les différentes stations touristiques. L'entreprise qui a quelques filiales hôtelières et réceptives en Tunisie emploie environ 800 salariés tunisiens. Ils sont aujourd'hui en congé."

 

T.M.com - Quelles seront les conséquences de la crise tunisienne sur les voyagistes français ?

G.C.:
"Il est bien trop tôt pour répondre à une telle question et donner des chiffres. La Tunisie est la première destination étrangère vendue par les agents de voyages.

La facture sera lourde, surtout pour les nombreux spécialistes de la destination et pour ceux qui ont investi dans le pays. Les généralistes pourront orienter leurs clients vers d'autres axes."

T.M.com - Les 4e Rencontres des Métiers du Voyage et du Tourisme débutent dans 48 heures à Louxor. Comment se rendez-vous annuel se présente-t-il ? Avez-vous eu des annulations provoquées par la crise tunisienne ?

G.C. :
"Non. Quelques annulations de dernière minute, souvent pour raison de santé. La situation en Tunisie est en suspens. Nous suivons les événements en nous préparant à la relance.

A Louxor nous aborderons les problèmes concrets auxquels sont confrontés les agences de voyages et nous ferons un point sur les pistes offertes par les nouvelles technologies.

Nous présenterons les actions du SNAV. Elles sont nombreuses et utiles à tous. Il est parfois bon de le rappeler. Nous présenterons les programmes du centre de formation que le SNAV lance avec l'APST.

Nous ferons le point sur les nouveaux venus dans la professions depuis la mise en place de la loi de juillet 2009."

T.M.com - Vous évoquiez voici quelques semaines une fédération des pros « immatriculés ». Où êtes vous avec ce projet part rapport à la Fédération CETO/UDIV etc.

G.C. :
"Je ferai peut être une intervention à Louxor à ce sujet. Tous les opérateurs de tourisme ont maintenant obligation de s'immatriculer.

Mon projet est de réunir en effet toutes les entreprises immatriculées. Elles représentent des professions complémentaires ou concurrentes régies par une même loi.

Vis-à-vis du grand public, elle sont sur un même site. Cette Fédération regrouperait donc les adhérents de l'APS, du CETO, du SNAV, de la FNOTSI avec les offices de tourisme, des autocaristes « tourisme » avec la FNTV, de l'UNAT pour les associations de tourisme, de l'UMIH pour les hôteliers, de l'ANAE spécialistes des voyages incentives...

Ces syndicats et associations immatriculés à partir du moment où ils vendent des prestations sous forme de forfait touristiques représentent un poids économique considérable. Ils ont donc de nombreux sujets transversaux communs.

Je pense notamment aux problèmes de TVA. Face aux « majors » venus du nord de l'Europe, les membres de cette fédération devront, entre autres missions, protéger le marché français qui doit rester libre, indépendant et qui doit garder sa diversité !"

 

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source: TourMag