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 GABÈS I MÉDENINE I TATAOUINE 

Plaines côtières, massifs montagneux, désert caillouteux et une grande île, Djerba, composent l’essentiel du paysage de cette région qui s’étend sur une superficie d’environ 47.272,27 km², soit plus du tiers de la superficie totale du pays pour une population d’environ 950.000 âmes. Il faut remarquer que près des deux tiers de la superficie du gouvernorat de Tataouine (soit plus de 22.000 km²) se trouvent dans le Sud-ouest.

 

La dépression s’amorce au nord de la ville de Gabès, dans l’Aradh, et descend vers le sud, en direction de la frontière libyenne, en suivant la côte et en s’élargissant au sud de Gabès pour donner les plaines de Jeffara que limite, à l’ouest, le massif du Dhahar. Celui-ci forme une carapace rocheuse d’une largeur moyenne de 50 km, longue de plus de 200 km en territoire tunisien avant de poursuivre sa course en territoire tripolitain voisin, d’altitude moyenne de plus de 550 m et culminant à 713 m au jebel Tébaga, dans les Matmata.

 

L’Aradh est le pays des oasis maritimes : Chénini de Gabès, Métouiya, Gabès elle-même, la Hamma de Gabès et un chapelet de petites oasis alentour. L’agriculture et l’élevage, de même que l’artisanat du tissage de tapis et de couvertures (mergoum) et la vannerie y furent de tout temps pratiqués avec bonheur aux côtés  d’une pêche artisanale dans le poissonneux golfe de Gabès.

 

Au milieu des années 60 le chef-lieu du gouvernorat a été transformé en pôle industriel. Un complexe chimique pour le traitement et la transformation du phosphate, une cimenterie et de petites unités industrielles ont profondément modifié le paysage physique, économique et social de la région. Abandon massif de l’agriculture au profit du salariat en usine, pollution du golfe, tarissement des ressources naturelles en eau, surpopulation des centres urbains, les lieux n’étaient plus ce qu’ils furent. Depuis quelques années, cependant, on assiste à un gros effort de réhabilitation de l’agriculture en oasis et au   développement de périmètres irrigués et de cultures sous serres.

 

Au sud de la ville de Gabès, se déploie la plaine de la Jeffara jusqu’à la frontière libyenne. Cette terre bénéficie d’une bonne pluviométrie et, de ce fait, a été dédiée à l’agriculture depuis les temps les plus reculés. L’olivier y est l’arbre roi au point qu’aujourd’hui le seul gouvernorat de Médenine se positionne, en fonction des précipitations, en première ou en deuxième position parmi les régions productrices d’olive et d’huile. Sa deuxième principale ressource naturelle est la pêche qui se pratique à partir du port de Boughrara ou dans cette véritable mer intérieure qu’est B’hîret el Bibène.

 

Si l’industrialisation demeure embryonnaire dans cette région, le tourisme et le commerce transfrontalier constituent deux secteurs d’activités tertiaires majeurs. Ils ont pour épicentres Djerba et la presqu’île de Zarzis pour le tourisme et Ben Guerdane pour le commerce.

 

 

Un monde singulier

 

Le tourisme bénéficie ici d’une tradition d’accueil très ancienne et d’une infrastructure conséquente qui va de l’aéroport international de Djerba-Zarzis aux établissements hôteliers haut de gamme en passant par toutes les activités intermédiaires. Le produit est original et diversifié qui va des douces plages aux dunes du Grand Erg Oriental en passant par les montagnes du Dhahar et le reg caillouteux ; qui comprend deux parcs naturels, celui de Sidi Toui et celui, le plus grand de Tunisie avec 320.000 ha, de Jbil pour la conservation des espèces végétales et animales du grand Sud ; qui accueille des modes de vie singuliers : le nomadisme, l’habitat troglodytique et la civilisation des ksours ; où l’artisanat du tissage, de la bijouterie, de la poterie et du cuir produit des articles originaux et recherchés.

 

Quant à Ben Guerdane, c’est le plus grand marché pour les produits industriels importés d’Asie, principalement la Chine, via le voisin libyen. Une véritable cour des miracles où tout se vend et s’achète.

 

Le Dhahar pour sa part est un milieu aride et sec qui ne reçoit guère plus de 200 mm de pluie en moyenne par an. Il a pourtant servi de refuge aux populations berbères qui s’y sont retranchées depuis plusieurs siècles pour fuir les aléas d’une existence exposée aux flux et reflux d’une histoire marquée par les conquêtes  et les contre-conquêtes, la Jeffara servant de couloir pour l’infiltration des envahisseurs venus d’Orient. Là, les populations ont continué à parler la langue de leurs aïeux (qui se pratique encore dans les poches de Douiret, de Tataouine et de Ghomrassen, mais de moins en moins) et à observer leurs coutumes. En contre partie, elles ont consenti à payer cette liberté le prix fort en menant une vie très rude, basée sur l’agriculture qu’elles pratiquent  dans des parcelles de poche parfois tout juste assez spacieuses pour n’accueillir qu’un arbre et qui sont disséminées dans des creux au flanc de la montagne aménagés en terrasses –jouçoûrs-) .

 

En dépit de l’extrême rudesse des conditions de vie, les j’bâlis, ainsi les appelle-t-on, sont parvenus à développer une agriculture variée basée sur l’arboriculture (essentiellement l’olivier, mais également le figuier et le grenadier) et sur la céréaliculture (surtout l’orge, cultivé au pied des arbres). Une agriculture suffisamment abondante toutefois pour dégager des excédents permettant la pratique du troc de marchandises avec les gens de la plaine. Un maigre élevage caprin auquel s’ajoutent quelques moutons permet d’assurer  l’autosuffisance en viande et en produits dérivés (lait, beurre, fromage, poils et laine pour le tissage). Avec les matériaux disponibles sur place, les j’bâlis ont su aménager un cadre et un genre de vie originaux et adaptés à tous leurs besoins, en particulier l’habitat creusé en sous-sol ou incrusté en flanc de montagne.

 

Un grand mouvement d’exode depuis les années soixante a entraîné un fort dépeuplement et une désertification de la plupart des points de peuplement dans ce monde qui n’en finit cependant pas d’exercer une forte attraction sur les visiteurs, ce qui laisse augurer d’un bel avenir pour le tourisme en cette région suspendue au seuil du Sahara tunisien.

Tahar Ayechi
Tahar Ayechi
Editor

Après une licence en sociologie obtenue à la Sorbonne, Tahar Ayachi a choisi de se consacrer au patrimoine tunisien afin de contribuer à sa sauvegarde, à sa mise en valeur et à son "recyclage" dans la vie économique et sociale à travers le journalisme (dans le quotidien La Presse de Tunisie, à la radio et à la télévision) et la vie associative (fondateur du Club des Vadrouilleurs).

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