A suivre de près les campagnes promotionnelles de  la destination Tunisie sur les principaux marchés émetteurs, on n’a pas besoin d’être un  professionnel de la communication pour constater un manque d’innovation manifeste. Sur tous les supports (télévision, affichage, journaux, Internet..), toutes les actions visant à mieux vendre la destination dégagent une forte impression de déjà vu. Pire encore, certaines actions promotionnelles sont figées, voire même insipides et sans âme. L’acte de communiquer se résume souvent à trois fondamentaux : «  le soleil, le sable et le folklore ». Les stratèges de l’Office National du Tourisme Tunisien ont du mal à se dégager des clichés et de « l’effet carte postale » à l’heure où nos concurrents directs font preuve d’une ingéniosité accrue. Les Marocains, les Turcs et les Egyptiens, par exemple, mettent en avant dans leurs campagnes promotionnelles une dimension spirituelle fortement recherchée par les touristes occidentaux apeurés et effrayés par une conjoncture internationale grisonnante. Ce choix judicieux a tendance à rassurer et à faire oublier aux  touristes potentiels les menaces qui pèsent sur leur pouvoir d’achat et leur  portefeuille. Nos concurrents axent également leurs campagnes sur un effet de dépaysement certain d’une région à l’autre.
Les professionnels Tunisiens, eux, se contentent de véhiculer des images d’hôtels luxueux (pas si luxueux que ça en comparaison avec les infrastructures des stations balnéaires de Charm Cheikh, Casblanca, Istanbul ou encore Fès), de dromadaires et du jasmin en plus des prix imbattables. Autant dire, des clichés qui reviennent depuis les années 60.

S’agissant de la communication sur Internet, où se décident désormais 70% des voyages, la Tunisie est de l’avis de tous les spécialistes de la communication à la traine par rapport à ses concurrents. A commencer par le site de l’ONTT (www.bonjour-tunisie.com), les portails du tourisme tunisien accumulent les maladresses. Ils véhiculent la même image de carte postale dénuée de toute vie. La navigation est peu aisée dans les rubriques vidéo et les sons sont parfois mal synchronisés. Le défaut le plus flagrant reste  un design graphique trop lourd, trop chargé et ne favorisant pas la lisibilité. Même avec une connexion performante,  un délai d’attente de plusieurs secondes, voire de quelques minutes est nécessaire pour accéder au site. La mise à jour est souvent irrégulière et approximative alors que l’interactivité laisse parfois à désirer.

Chez nos voisins marocains, à titre d’exemple, le portail (www.visitmorocco.com) est riche en contenu. Il  regroupe tous les éléments définis par le nouveau positionnement décidé dans la cadre de la vision 2020 et s’adresse à chaque type de client. Mieux, la navigation y est plutôt facile et l’interactivité garantie. C’est dire que la Tunisie a encore fort à faire pour améliorer son image et faire preuve de plus d’inventivité même s’il est indéniable qu’une bonne campagne promotionnelle est avant tout une affaire de gros sous. Et c’est là que le bât blesse.