Les professionnels du tourisme venus nombreux s’entasser dans la salle de l’hôtel Acropole, ce jeudi 10 novembre 2011, pour écouter Hamadi Jebali, Secrétaire Général d’Enahdha,  qui devait expliquer sa vision sur l’avenir du secteur, ont été pour la plupart et notamment les jeunes professionnels, déçus. Ils sont restés sur leur faim, et ont quitté la salle avec les mêmes craintes, sinon pire. 

 

S’il est vrai que la rencontre sur « les perspectives du tourisme tunisien » est une initiative d’Enahdha, il n’en demeure pas moins qu’on ne les a pas trop entendus. Alors que  c’été théoriquement, l’objectif premier de cette rencontre.  
Néanmoins, cette réunion, probablement celle qui a mobilisé le plus de professionnels, depuis la révolution, s’est très vite transformée en une assemblée « ordinaire » voire « banale » et pour cause. Elle ressemblait beaucoup, aussi bien sur le fond que sur la forme d’ailleurs, à d’autres, désormais remplies du « déjà vu » et du « déjà entendu » : remerciements, applaudissements sans raison apparente, mêmes discours, même contre discours. Au lieu d’écouter ce que le parti vainqueur proposait,  comme vision stratégique, solutions immédiates pour sauver les « meubles », ou au moins ce qui reste, les professionnels du tourisme se sont, pour la énième fois, écoutés parler.  Ce qui a énervé pas mal de professionnels, notamment les jeunes,  qui n’ont pas arrêté de demander l’intervention des leaders de Enahdha. Ils n’ont pas arrêté de réclamer qu’ils sont venus pour Enahdha, pour les entendre, pour être rassuré quant à l’avenir du secteur touristique. Or, rien de tout cela n’a été effectué. 
 
On a eu droit aux problèmes du secteur : endettement, bradage des prix, régionalisation de la promotion, facilitation des procédures administratives, allègement de la fiscalité, l’impératif de l’Open Sky, de la libéralisation d’El Haj …et tutti quanti….
 
La plupart des professionnels qui ont pris la parole n’ont rien apporté de nouveau. C’est juste l’interlocuteur qui a changé. Hier, c’été le Gouvernent de Ben Ali, aujourd’hui, c’est Enadhah qui a pris la place et c’est à ses leaders qu’on énumère les problèmes. C’est à dire que la révolution, celle des mentalités, surtout, n’a pas encore atteint beaucoup des professionnels du tourisme. Ils continuent à mener la même politique de doléance. Mais, heureusement, que certains sont plus lucides. Ils n’ont pas manqué d’être pertinents pour poser les véritables questions exigées par la période transitoire que connait le pays. Aussi un hôtelier, n’est-il pas allé par quatre chemins. Ses questions étaient claires, nettes  et précises : qui est le ministre qui aurait le courage de mettre à nu les problèmes structurels du tourisme ? Est-ce que Enahdha pourrait répondre à cette question ? C’est quoi le programme d’Enahdha pour relancer le secteur ? Et une année serait-elle suffisante ? 
 
Les professionnels du tourisme sont inquiets. Ils le sont davantage après la réunion. Leurs préoccupations premières demeurent, outre la préservation de leurs intérêts, la garantie des libertés individuelles et fondamentales dans la constitution sans compter l’image de marque de la destination Tunisie qui était le mot d’ordre de tous. Une destination qu’ils veulent modérée, tolérante et ouverte sur toutes les cultures et toutes les religions. Normal, puisque la Tunisie est un pays touristique et que l’apport du secteur dans l’économie nationale est plus que primordial. 
 
Il va sans dire que ces interrogations et d’autres d’ailleurs, sont restées sans réponses. Parce qu’en bon politicien qui se respecte, Hamadi Jebali a porté des réponses politiques. Et de toute évidence il ne pourrait en aucun cas, apporter des solutions miracles, à un secteur qui, depuis des années, est en état de souffrance structurelle terrible.  Le mouvement Enahdha est incapable, de réussir en un clin d’œil, de résoudre des problèmes que l’ancien régime n’a pu résoudre en 23 ans. Un an c’est trop court. D’ailleurs Hamadi Jebali l’a bien souligné : « Nous avons une année pour écrire la constitution qui garantira les droits et libertés individuelles. Des droits inviolables, que nul n’a le droit de toucher. C’est une réunion où, nous tenons à vous rassurer quant à l’avenir du secteur. Nous avons un programme que nous présenterons aux membres du gouvernement et aux professionnels, qui seront partie prise dans la réflexion et la prise de décision », a-t-il déclaré. 
 
Ceci étant, en dépit des paroles et des phrases rassurantes, les professionnels ne l’ont pas été pour autant. Pour certains, ce sont des rêves en couleur même.  Le discours de Hamadi Jebali, aujourd’hui,  au pays du tourisme n’a pas été rassurant pour plusieurs professionnels du secteur, dont notamment les jeunes. Par contre l’administration de l’ONTT l’a bien accueillie et reste confiante. Un responsable a d’ailleurs, affirmé : « Il a répondu à l’essentiel : les libertés individuelles… ».
 
Oui certes. On confirme, on persiste et on signe. Mais qu’en est-il du plan de sauvetage du secteur ? Comment Enahdha propose-t-elle de sauver ce qui reste des meubles ? Comment entend-elle éteindre le feu et relancer un secteur aussi stratégique  pour l’économie nationale ? 
 
A ces questions, désormais on n’a pas eu droit de réponse aujourd’hui….Peut-être bien dans une conférence de presse, comme nous l’a confié un des membres du mouvement Enahdha, où les leaders dévoileront leurs intentions de relance du tourisme. Parce qu’explique-t-il, aujourd’hui, on est venu pour entendre les professionnels….. ! 
 
A bon entendeur et lecteur salut 
 
Il faudra avoir de la patience pour réussir à décrocher l’info...
 
D.B