By walidK

Contrairement à ce que laissent croire la focalisation des médias locaux et étrangers sur le processus de démocratisation en Tunisie, le gouvernement de coalition composé de représentants du parti islamiste Ennahda, du Congrès pour la République et d’Ettakatol,  n’est pas uniquement attendu sur le terrain politique durant son mandat d’une année.  Le nouvel exécutif a, en effet, fort à faire dans un pays dont l’économie déjà fragile a été complètement exsangue par plusieurs mois de gabegie révolutionnaire, avec son corollaire de grèves, sit-in et revendications salariales démesurées. Le chômage demeure en tête des préoccupations, avec un taux de 18%  en mai 2011(officiel), touchant plus de 750 mille actifs. Au niveau régional, le taux s’élève à 28,6% au centre-ouest, 26,9% au sud-ouest, 24,8% au sud-est, entre 17,3% et 17,8% au nord et 11,1% au centre-est.


Pour les diplômés, ce taux grimpe à 23,3% au niveau national. Là aussi les régions intérieures sont les plus affectés : Gafsa (47,4%), Jendouba (40,1%), Sidi Bouzid (41,0%), Gabès (39,4%), Tataouine (39,1%) et Kasserine (38,9%). 


La solution à ce défi lourd de menaces pour la stabilité sociale fait consensus. «Tous les experts pensent qu’un taux de croissance aux alentours de 5% par an en moyenne est aujourd’hui insuffisant pour faire baisser le chômage. Pour réduire de trois points le taux actuel, il faudrait que la croissance soit au moins de l’ordre de 7%», précise Mahmoud Ben Romdhane, professeur d’économie à l’Université de Tunis.


L’abolition des inégalités entre les régions côtières et celles de l’intérieur du pays constitue également un vaste chantier  et devrait être au centre de toute politique économique. A cela s’ajoutent une corruption toujours indécrottable et des aléas conjoncturels liés à la baisse de l’investissement privé , à la chute des investissements étrangers, mais aussi à la crise qui affecte durement la zone euro, principal partenaire économique de la Tunisie. Autant dire que  la reprise d’une croissance économique forte  se trouvent aujourd’hui conditionnée par la réhabilitation de la confiance des investisseurs et  l’instauration d’un meilleur climat des affaires à travers une justice indépendante, une presse libre, et davantage de transparence dans les débats. 


Ennahda semble avoir une pleine conscience de la difficulté de la situation économique. «La révolution a apporté un nombre de demandes populaires : il ne s’agit pas seulement de demandes purement politiques, il y a aussi des demandes d’ordres social et surtout économique. Ceci sans oublier le besoin de transparence et de bonne gouvernance», affirme Ridha Saidi, membre du Bureau exécutif du mouvement islamiste chargé des réformes économiques. Et d’ajouter : « l’activité économique repose essentiellement sur l’initiative privée. Nous soutenons cette initiative, et nous soutenons les entreprises privées qui donnent un certain élan à l’activité économique».
Le responsable d’Ennahda indique également que son parti veillera à  «la révision du Code d’Investissement, dans le but de faciliter l’attraction  des capitaux. «Nous comptons  initier des ajustements radicaux de l’administration, dans l’objectif de la moderniser, et pour qu’elle soit au service du citoyen et de l’investissement», précise-t-il.


L’idée longuement prônée par Abderrazak Zouari, ministre du Développement régional dans le gouvernement de Beji Caïd Essebsi, celle consistant en la défragmentation du territoire de la Tunisie par la largeur afin de constituer des zones de développement régional, est reprise par le parti islamiste. «Il s’agit d’une nouvelle vision du territoire tunisien, en matière de routes et de lignes ferroviaires dans l’objectif de désenclaver les régions les plus démunies du pays», renchérit Ridha Saidi, qui insiste aussi sur l’élargissement des domaines de coopération avec les autres espaces, non seulement européen, mais aussi africain et asiatique».

Dans l’ensemble, le programme économique du parti islamiste n’apporte pas beaucoup de nouveau et ne se distingue pas par une rupture avec le modèle de développement prôné par Ben Ali.

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