Tout porte à croire que la Tunisie aura beaucoup du mal à égaler cette année ses propres performances enregistrés sur le marché algérien en 2009 (1 million de touristes). Les données provisoires relatives aux entrées des touristes algériens  en Tunisie durant le mois de juin font  état d’une baisse estimée à environ 10%. La participation des Fennecs à la Coupe du Monde du football en Afrique du Sud, qui a obligé nos voisins de l’Ouest à rester scotchés devant les écrans de leurs télévisions serait, selon l’antenne de l’Office National du Tourisme Tunisien (ONTT) à Alger,  à l’origine de ce recul. Mais l’attachement des Algériens à poursuivre les performances de leur sélection n’explique pas tout.  A en croire les tour-opérateurs algériens, l’état des réservations de la destination Tunisie pendant les mois de juillet et d’août ressort en baisse par rapport à la même période de l’année écoulée, et ce malgré les rabais accordés aux voyagistes algériens. Le séjour d’une semaine à Hammamet, Nabeul ou encore Sousse est proposé cette année à des prix variant entre    16 000  et 30.000 dinars algériens (entre 320 et 550 dinars).
Selon des sources dignes de foi au sein de l’ONTT, la destination Tunisie est de plus en plus laminée par la concurrence turque. Le pays d’Atatürk, qui avait annoncé en mars dernier son ambition de devenir la deuxième destination touristique des Algériens,  est, en effet, parvenue à rogner les parts de marché de la Tunisie. La Turquie n’a pas uniquement mis en avant l’attractivité de ses sites touristiques pour y parvenir. Elle a également décidé  d’exempter les Algériens du visa et d’augmenter  le nombre des vols reliant Alger, Constantine et Oran  à Istanbul.
Outre la montée de la concurrence turque, les départs des Algériens à l’étranger ont été freinés par les lenteurs enregistrés dans la délivrance des passeports biométriques. Pour se doter de ce nouveau genre de passeport, les Algériens sont, en effet, obligés de fournir une douzaine de documents, ce qui engendre des lenteurs administratives considérables et souvent plusieurs mois d’attente.
Pour éviter une baisse drastique du nombre des visiteurs algériens, qui dépensent en moyenne 500 dollars par semaine  et par personne durant leurs séjours en Tunisie, l’ONTT et les tour-opérateurs algériens spécialisés sur la destination Tunisie tentent de faire du mois du ramadan,  qui débutera durant la première quinzaine d’août,  un argument de vente.
D’après M.  Faouzi Basly,  directeur de la représentation de l'ONTT à Alger, les hôtels tunisiens ont prévu de programmer des buffets spécialement pour la rupture du jeûne et des spectacles animés par des troupes musicales traditionnelles. Des navettes reliant hôtels et mosquées ont été programmées afin de permettre aux touristes algériens d'accomplir la prière du «Taraouih». Un tour-opérateur  algérien en a même fait un slogan : "Voulez-vous prier à la mosquée  Zitouna... N'hésitez pas, la Tunisie vous attend ».
L’ONTT tentera également de sauver les meubles durant l’arrière saison.  Selon M. Basly, sur le million de touristes algériens qui visitent la Tunisie durant les douze mois de l'année, 35% seulement d'entre eux y séjournent d’habitude durant la saison estivale. «Le flux des algériens ne se limitera pas à l’été. C'est un tourisme qui s’étalera désormais  toute l'année», explique-t-il.