Il ne se passe désormais aucun mois sans que l’on entende que l’un des Tour-opérateurs européens actifs sur la Tunisie a mis la clef sous le paillasson. Après les faillite retentissante de Royal Tours en juillet dernier et les dépôts de bilan en série des TO britanniques, voilà que le TO belge Intermed, mieux connu sous les marques  Méditerra Sunworld, spécialiste de la Grèce, de la Turquie et de la Tunisie, vient d'annoncer la fin de ses activités en raison d’une trésorerie chancelante.  La  Tunisie, est la  deuxième destination chez Mediterra. Ce TO est spécialisé sur la Turquie (63 % du CA), Tunisie (25 %), Maroc (8 %) et l’Egypte (4 %). Intermed est  présent à Hammamet, Monastir et Djerba dans  des hôtels 3 étoiles et 5 étoiles tout en passant par les clubs de vacances et les hôtels de charme. Tous ces établissements trainent, du fait, des impayées importantes. Certes, les créances du TO belge  aux hôtels tunisiens sont moindres que la somme mirobolante de 800.000 euros laissé par Royal Tours. Mais un club de vacances ou un hôtel de charme, même une somme de quelques dizaines de milliers d’euros peut se révéler vitale.

La faillite des TO constitue un fait normal, dira-t-on. D’autant plus que l’industrie du tourisme et des voyages ne s’est pas encore débarrassée des séquelles de la crise économique. Soit. Mais nul n’ignore  que la Tunisie n’est pas bien outillée comme les autres destinations pour récupérer ses créances. Du Maroc à la Grèce en passant par la Turquie, des armadas d’experts de ce genre de conflits et des compagnies d’assurances épaulent les hôteliers, qui finissent par récupérer leur argent malgré la lourdeur des procédures. C’est dire que seuls les hôteliers tunisiens se trouvent désarmés et se perdent dans des procédures judiciaires souvent inefficaces.

L’administration et la FTH n’ont aucun moyen de pression face à des TO privés déclarés défaillants par des tribunaux.  La question qui se pose dans ce registre est de savoir si les antennes de l’Office National du Tourisme tunisien sont réellement en train de suivre de près l’évolution de la santé financière des différents acteurs sur les marchés où elles sont implantées. Car grâce à un tel suivi auquel recourent de plus en plus de destinations, le problème aurait pu être évité en amont.  Ne serait-t-il pas judicieux de créer des cellules de veille dotées des moyens nécessaires et capables de détecter à temps un TO à la santé fragile.

A notre sens, la mise en place d’un observatoire ayant pour mission de se renseigner en continu sur la situation financière des opérateurs étrangers programmant la Tunisie est primordiale.
Aussi serait-il nécessaire de mettre en place une équipe d’experts judiciaires capables d’assurer le suivi des dossiers de règlement des créances impayées et d’inciter  à contracter des polices d’assurances  pour ce couvrir sur ce genre de risque. Il est temps d’agir…