Le touriste aujourd’hui est avide d’originalité,  d’aventure et d’authenticité.  Pour programmer ses vacances il est tenté d’une expérience  peu ordinaire et plutôt enrichissante.
Il recherche notamment une certaine « éthique du voyage », celle de  s’imprégner des traditions et des cultures des endroits visités, et d’être proche de la population locale.
Cette nouvelle tendance du tourisme apparait surtout sur internet avec de nouveaux concepts touristiques comme alternative au tourisme de masse et aux offres classiques habituellement promues par les tours opérateurs. Dans ce contexte la Tunisie, considérée depuis des décennies comme une destination de tourisme de masse, bradée par les TO, se voit aujourd’hui offrir  un produit touristique innovant. Il s’agit notamment, des structures de l’hébergement alternatifs, qui vont de pair avec un tourisme autre, que le binôme soleil&plage. Les promoteurs des gîtes ruraux et des chambres d’hôtes, en Tunisie se sont aventurés, ils ont monté des projets et tentent, tant bien que mal de promouvoir leurs structures originales, sur internet, ce qui apparemment marche !
Néanmoins, ces types d’hébergements ne disposent d’aucun cadre juridiques, pas de cahier de charge et encore moins de nomes spécifiques. Pis encore, sur la cinquantaine recensée, elles ne sont que quatre, à opérer dans la « légalité », soit avec un agrément.

Urgence : Mise en place d’un cadre légal


Le 16 octobre 2010, M SlimTlatli ministre du tourisme se réunit avec les promoteurs des gîtes ruraux et des chambres d’hôtes. Cette réunion avec les professionnels de cet hébergement alternatif a été marquée par la prise de mesures visant à légaliser cette activité, sa mise à niveau, sa commercialisation et sa promotion. Ces mesures importantes apportent des solutions aux problèmes entravant ce secteur. Elles sont de nature à assurer son décollage. Et pour cause, le tourisme alternatif est souvent mal structuré et organisé. Plusieurs promoteurs se sont lancés dans cette activité sans aucune vocation hôtelière ou professionnelle. Il suffit d’avoir une vieille maison ou une ancienne bâtisse pour enfin la transformer en hôtel de charme ou gîtes ruraux.
Les intrus sont devenus nombreux et tout est permis pour monter son projet sans aucune approche touristique. Si en Europe, ce tourisme alternatif est devenu un axe économique  tant au niveau de l’industrie qu’au niveau de l’activité. C’est aussi un besoin, car actuellement, l’européen ressent le besoin de passer ses vacances dans ces lieux insolites loin des hôtels de masse.
En Tunisie, ce tourisme est actuellement à l’état embryonnaire. Mais c’est un créneau générateur de recettes en devises. Il constitue une valeur ajoutée pour notre tourisme d’où l’ultime nécessité d’accorder plus d’attention à ce secteur et de le mettre à niveau. Pour les professionnels, les problèmes qu’ils imputent au secteur sont de divers ordres : le produit lui-même, les tracasseries administratives, la commercialisation et la promotion.
Que serait une chambre d’hôte ou un gîte rural sans vrai connaisseur en hôtellerie ? Certains ont une vision de rentabilité immédiate et aucune dimension humaine. Souvent, ces espaces n’essaient pas de présenter à nos hôtes une belle  image de notre pays. Qu’est ce  qui est reproché à ces maisons d’hôtes ?
Essentiellement des tarifs élevés, de mauvaises  prestations, la pauvreté du produit présenté, le manque de promotion et surtout du bricolage. Pourtant, ce tourisme s’inscrit  à la fois dans une perspective responsable et équitable avec des possibilités de contact avec la population locale : rencontres, activités culturelles, logement chez l'habitant. Or, souvent ce rôle n’est défendu par la profession. On constate au contraire de nouveaux venus dans ce métier qui manquent de professionnalisme et de savoir faire.

Légaliser le secteur

Le tourisme alternatif figure dans la nouvelle stratégie nationale du tourisme tunisien. Il figure dans le programme du ministère du tourisme et de la Fédération tunisienne d’hôtellerie. Il est l’un défi à relever durant les prochaines années. Les promoteurs souhaitent vivement et appellent de tous leurs vœux qu’un changement soit opéré dans ce tourisme alternatif. En effet, il n’y a que le changement qui puisse lui donner un nouvel élan pour sortir de la léthargie dans la quelle il se trouve. Comme l’a dit le ministre du tourisme, cette activité a besoin d’une stratégie dynamique et d’un cadre légal. Il faudrait qu’il ait un changement dans l’approche de ce produit touristique. Un cahier de charge est indispensable pour la réorganisation de ce créneau et de sa mise à niveau car de nos jours, il ne faut pus tolérer les produits bas de gamme et le bricolage qui risquent de nuire à la réputation de notre tourisme.

Ce tourisme  a pour but de renverser la balance afin que cette activité soit plus profitable aux locaux qu'aux agences internationales. Faut-il instituer une charte pour son développement ?
Ce tourisme  n'est pas un simple effet de mode pour touristes en quête d'aventure, c'est avant tout un moyen de lutter contre les effets du tourisme de masse car la Tunisie a de très belles choses à montrer tant sur le plan culturel que  culinaire à ces adeptes des chambres d’hôtes et de gîtes ruraux. La qualité s’impose pour différencier ces espaces. L’heure de vérité approche. Le tri est en train de se faire entre les bons et les mauvais professionnels, entre les promoteurs sérieux et amateurs, entre les vrais développeurs et les intrus. L’union fait la force et cette activité mérite une forte mobilisation des professionnels qui doivent relever le défi par une plus grande solidarité. Une fédération groupant ces promoteurs est nécessaire car on ne peut pas continuer à agir seul. Il est encore temps de se ressembler et rattraper le retard. Encore un effort pour revaloriser ce créneau porteur !


La parole à Skander Zribi (promoteur de Dar Zaghouan)