By walidK

Démonstration de force réussie du camp progressiste en Tunisie. Majoritaire dans un pays largement sécularisé mais mal représenté dans le gouvernement et l’Assemblée en raison de l’émiettement des partis qui le représentent (une soixantaine de formations), ce camp a mobilisé mardi quelque 14 mille personnes sur l'avenue Bourguiba, principale artère de Tunis,  pour une manifestation à l’occasion du 56ème anniversaire de l’indépendance du pays.
Organisée à l'appel d'associations de la société civile, la manifestation a été incontestablement  la plus importante depuis le 14 janvier 2011, date de la chute de Ben Ali.
Devenue de plus en plus dense au fil des heures, la foule s'est dirigée, vers le siège du ministère de l'Intérieur.
Les manifestants, majoritairement de femmes et de jeunes filles enveloppés du drapeau tunisien rouge et blanc,  ont entonné l'hymne national et  scandé des slogans en faveur de la démocratie et des libertés. « La Tunisie est libre, non au califat et aux esprits rétrogrades »,  « le peuple veut un Etat  démocratique»,  « Pas de tutelle qatarie sur le territoire tunisien», pouvait-on lire sur certaines pancartes.
« Le peuple veut un Etat civil» répétaient  également en chœur les manifestants, en réponse aux voix  qui réclament que la charia, la loi islamique, soit la principale source d’inspiration  de la future Constitution en cours d'élaboration à l'Assemblée nationale constituante (ANC).
Il y a seulement quelques jours, des associations religieuses avaient appelé à une manifestation qui a réuni plusieurs milliers de personnes devant l’ANC pour réclamer l’application de la Charia.
Lors d'une cérémonie de lever du drapeau organisée pour l'anniversaire de l'Indépendance au palais présidentiel de Carthage, dans la banlieue de Tunis, le chef de l'Etat Moncef Marzouki a appelé les Tunisiens à « vivre ensemble, avec et malgré nos différences », en allusion aux tiraillements qui opposent ces dernières semaines les islamistes et les modernistes. Il a exhorté ses concitoyens à bannir « l'incompréhension, la haine et la division pour cimenter l'unité nationale».
Selon ce défenseur des droits de l'Homme, il importe de «faire preuve de vigilance face à l'extrémisme d'où qu'il vienne afin de préserver un Etat civil fondé sur le pluralisme, la démocratie et les libertés fondamentales».

 

 

Photo Selim Essid