Par Mohamed Khaled Hizem

Parmi les innombrables trésors de la médina de Tunis, classée au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1979, figure non seulement des monuments, mais également des œuvres d’une valeur inestimable. Parmi ces dernières, figure le remarquable minbar de la mosquée des Teinturiers, lieu de culte élevé par le fondateur de la dynastie des Husseinites (1705-1957), Hussein Bey Ier, entre 1724 et 1727.

Ce minbar, adossé au mur méridional de la salle de prière, consiste en une chaire à prêcher en forme d'escalier à onze marches, qui date du début de la seconde moitié des années 1720. Celui-ci est superbement orné, au niveau de ses faces latérales, d'une précieuse marqueterie en marbres polychromes, réalisée selon la technique de la " Tarsia certosina " (signifiant « incrustation dans la masse »).

 Vue d'ensemble du minbar de la mosquée des Teinturiers.
(crédit photo : Issam Barhoumi)

 

 

La somptueuse entrée de la chaire est pourvue de deux colonnettes, qui sont coiffées de chapiteaux néo-doriques, surmontés de superbes abaques moulurés, supportant un arc en plein cintre. L'ensemble est en marbre blanc de Carrare, hormis les écoinçons qui présentent des incrustations de marbres polychromes. Ces derniers portent des croissants entrelacés. Au-dessus de l'arc, se trouve un remarquable cadre, en marbre blanc souligné de marbre rouge, couronné par un fronton à volutes. Le cadre, soigneusement mouluré, renferme une inscription calligraphiée : la « Chahada », la profession de foi en Islam.

 

 

 
Gros plan plan sur l'entrée du minbar. Le décor de celle-ci traduit de nettes influences de la Renaissance italienne. Au-dessous du fronton, le cadre mouluré renferme la « Chahada », la profession de foi en Islam. (crédit photo : Sofien Bey)

 

La chaire, caractérisée par une forte influence italianisante, présentant des empreints de styles Renaissance et Baroque, se termine par un petit baldaquin, pourvu d'une coiffe en bois doré. Cette dernière surmonte quatre arcs en plein cintre moulurés, en marbre blanc, qui sont pourvus d'intrados incrustés de marbres polychromes. La coiffe, avec ses riches ornements, notamment ses volutes, ses guirlandes, ses feuillages et son couronnement, est purement baroque ; elle est certainement due à des artistes italiens, tout comme la marqueterie des faces latérales.

 


Gros plan sur la partie supérieure du baldaquin de la chaire. Celui-ci, d'inspiration baroque, est couvert d'une coiffe en bois doré et richement sculpté. (crédit photo : Sofien Bey)

Ce minbar singulier, unique en son genre en Afrique du Nord, offre un contraste saisissant avec les revêtements en plâtre sculpté, de style arabo-andalou, ornant la partie supérieure des murs de la salle de prière.