D’origine tunisienne, Mourad Majoul , président d’AVICO , premier courtier aérien en France , vient de lancer la charte  des «  engagements du Jasmin »  qui vise  à  fédérer les professionnels tunisiens et internationaux autour de la relance du tourisme tunisien. Les signataires de cette charte s’engagent à œuvrer énergiquement pour que les touristes  soient de retour en Tunisie avant le début de la prochaine  haute saison. Des dizaines de professionnels entre TO, hôteliers et organisations corporatistes ont déjà adhéré à son  appel . Retour sur cette charte avec son initiateur. 
 
 Interview:
TourisMag : Comment vous est venue l'idée de lancer cette charte ?
 
Mourad Majoul : La diaspora tunisienne a suivi de très près les évènements en Tunisie, et chacun d’entre nous, avec ses moyens, a essayé d’apporter une contribution à cette formidable révolution du jasmin.
 
Comment participer à cet élan, quand on vit à 2000 km de Tunis ? Avec son cœur, avec son métier, avec ses contacts. Vous vous souvenez certainement, après le  tsunami qui a ravagé les côtes de l’Océan Indien, de la pudeur des professionnels du Tourisme à proposer de nouveau les destinations concernées à leurs clients, pendant près d’un an. S’il arrivait la même chose sur la Tunisie, la saison été serait perdue, et les 400 000 Tunisiens qui travaillent sur ce secteur seraient dans une situation très difficile. A contrario, en écoutant les responsables de l’ONTT qui m’ont décrit la sollicitude dont ont bénéficié les rares touristes présents en Tunisie la semaine dernière, il m’a paru évident que redonner un élan à la destination est facile, car l’hospitalité tunisienne ne peut que sortir renforcée par le vent de liberté et de fierté que fait souffler la révolution du jasmin. Il suffit de le faire savoir, et c’est tout ! J’ai testé l’idée auprès de réceptifs tunisiens et un de mes bons amis, hôtelier en Tunisie, m’a répondu « Mourad, les touristes qui vont venir, je m’engage à aller tous les embrasser un à un », j’en ai parlé à un journaliste de la presse économique française, qui m’a dit « J'aime beaucoup ce pays, encore plus aujourd’hui et demain ». La charte était là, déjà !
 
TourisMag : Comment les professionnels ont accueilli cette initiative ?
Mourad Majoul : J’ai appelé mes amis et relations professionnelles les plus proches, qui ont tout de suite répondu présent, et ont eux-mêmes sollicité leurs amis et connaissances du milieu : hôteliers, réceptifs, transporteurs, tour opérateurs, agents de voyages, syndicats professionnels, tous ont adhéré, des deux côtés de la Méditerranée. Depuis que le projet a pris une forme concrète grâce à l’engagement de l’ONTT et de l’ATUGE (l’Association des Tunisiens des     Grandes Ecoles) et que nous avons commencé à communiquer, je croule sous les appels, les messages et les emails de soutien et d’amitié, les bonnes volontés qui proposent leurs services.
 
Je tiens à souligner que les autorités françaises et tout particulièrement le secrétariat d’état au tourisme ont apporté leur soutien, dès qu’ils ont eu connaissance de la démarche.
 
 
TourisMag : Votre initiative traduit votre optimisme pour le secteur du tourisme .Quelles sont à votre avis les conditions susceptibles d'accélérer la reprise ?
 
Mourad Majoul : Je suis effectivement persuadé que la maturité dont fait preuve le peuple tunisien aujourd’hui va permettre de retrouver très rapidement une vie normale en Tunisie. Cette révolution du jasmin a crée en Europe et dans le monde un  formidable élan de sympathie envers la Tunisie, qui renforce la sympathie et l’amour que partage pour notre pays un grand nombre de ses visiteurs. Dans les années qui viennent, le tourisme tunisien bénéficiera de cette dynamique. En revanche aujourd’hui, les premières, voire les seules images qui arrivent en Europe sont encore des images de manifestation, de protestation et d’incertitude. Il faut, dès que la chose sera possible, que nous nous donnions les moyens de communiquer différemment, pour éviter de décourager les touristes qui réserveront dans quelques semaines leurs vacances estivales, pour que l’économie touristique ne reste pas en panne cet été et puisse  bénéficier de l’élan actuel. Dès lors que le couvre-feu sera levé, que les ministères des affaires étrangères européens ne déconseilleront plus les voyages en Tunisie, vous pouvez compter sur la mobilisation de la profession pour promouvoir et relancer la destination.
 
 
TourisMag : Avez- vous un défi à relever quant au nombre de signatures ?
 
Mourad Majoul : Le défi à relever, c’est d’embrasser ou d’accueillir avec chaleur tous les touristes, même au plus fort de la saison ! J’espère, je crois sincèrement que nous serons plus de 100 000 à signer «  les engagements du jasmin »  pour relever ce défi cet été !

 

Propos recueillis par Fethi Jebali