A l’heure où la Tunisie tentait  d’exploiter le capital sympathie dont bénéficie la révolution du jasmin pour réamorcer sa pompe touristique, dans le sillage de la levée des restrictions sur  les voyages par les principaux marchés émetteurs de touristes vers  le pays, un nouveau grain de sable est venu enrayer la machine de la reprise : l’afflux massif  de réfugiés étrangers fuyant la folie meurtrière du maître de Tripoli.

Quelque 75 mille étrangers qui sont loin d’être des touristes ont envahi le poste frontalier de Ras Jedir. Des Tunisiens, des Egyptiens  et des Libyens  pourchassés par des milices fidèles au sanguinaire Mouammar Kadhafi, mais aussi des Chinois et plein d’autres ressortissants étrangers de diverses nationalités s’entassent dans le sud-est tunisien.  Et l’afflux  s’aggrave de jour en jour, voire d’heure en heure. La situation humanitaire est catastrophique, et ce malgré les efforts déployés par  les autorités tunisiennes. 

Sur place la directrice du Programme Alimentaire Mondial (PAM)  a tiré, le mardi 1er mars, la sonnette d’alarme. «Nous avons eu plus de 70.000 personnes déplacées ici, et il y en a encore des dizaines de milliers à la frontière», explique Josette Sheeran, indiquant que « la situation ne va pas s’améliorer immédiatement».  Une mission humanitaire européenne, qui  a été déjà dépêche sur les lieux a salué l’élan de solidarité que manifestent les Tunisiens envers ces réfugiés. «On a vu une générosité énorme de la part de la société civile tunisienne et aussi de la part des autorités, mais la capacité locale est limitée », assure un porte-parole de cette mission. « Nos équipes à la frontière entre la Libye et la Tunisie nous ont expliqué que la situation y atteignait un niveau de crise », a également noté,  mardi 1er mars, une porte-parole du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), Melissa Fleming, lors d'un point presse.

Cette situation explosive a déjà atteint les rivages des régions avoisinantes de Ras Jedir, dont la zone Djerba-Zarzis, présentée jusque-là comme étant l’une des destinations les plus sûres en Tunisie. L'aéroport international de Djerba-Zarzis enregistre, en effet,  un flux important d'étrangers arrivés en Tunisie par voie terrestre. Cet afflux coïncide avec l'arrivée, dimanche, d'une trentaine de vols touristiques de plusieurs villes du monde. Le hall de l'aéroport connaît des scènes semblables à celles des camps de réfugiés où plusieurs groupes de personnes en majorité des égyptiens fatigués et désespérés, se reposent à même le sol. La majorité d'entre eux ont passé une ou deux nuits à l'aéroport dans l'espoir de retourner dans leur pays.
 


Des centaines de ressortissants chinois, ouvriers dans le bâtiment en Libye, ont débarqué récemment à l'hôtel Carribean World Palma Djerba, notamment revendu sur le marché français par Look Voyages, et le Club Olé 4 Saisons de Fram. Les frais hôteliers sont réglés par les ambassades. 

Que faire alors pour que ces flux ne handicapent pas totalement la reprise en cours du tourisme tunisien sachant que la Tunisie libre et démocratique et réputée pour son ouverture et la qualité de son accueil ne peut en aucun cas fermer ses frontières à des dizaines de milliers d’étrangers fuyant l’enfer libyen ? La communauté internationale est vivement appelé à mettre au point un programme  d'évacuation massive  humanitaire de ces étrangers qui ne demandent  qu’à rejoindre leurs pays d’origine. La petite Tunisie toujours convalescente et qui a quand-même ouvert ses portes à des dizaines de milliers de réfugiés dans un geste humanitaire hors pair  ne peut en aucun cas supporter , à elle, seule un arrêt de son industrie touristique…