Entre son déjeuner et son départ au Maroc, Tourismag a rencontré Jameleddine Harakat, le président de l’UMPL à l’amicale des pilotes de ligne à La Soukra. Il a parlé de cette union qui regroupe les pilotes de ligne du Maghreb mais aussi des grands défis du transport aérien dans la région. Ce n’est point une mince affaire par ces temps de concurrence farouche infligée par l’Open Sky et l’expansion des compagnies Low- Cost.

  

 

Interview.
TourisMag.com. Récemment, les ministres de transport maghrébins réunis au Maroc ont proposé le projet d’un Open Sky entre les pays du Maghreb. Qu’en pensez-vous ?

Jameleddine Harakat. Il importe de préciser d’emblée que le transport aérien est l’un des vecteurs de développement économique dans notre région. Il représente un véritable fer de lance. Pourtant, le trafic aérien inter-maghrébin reste en deçà de nos attentes. Il serait souhaitable de mettre en place des navettes entre les différents pays du Maghreb et pourquoi pas dans le cadre d’un Open Sky ? Cette initiative est fort nécessaire.

TourisMag.com. Toujours dans ce contexte, quel avis avez-vous de la concurrence infligée par les compagnies Low- Cost ?
Jameleddine Harakat. Il va sans dire qu’en Europe, les compagnies majeures se sont rendues à cette évidence. Car elles ont réalisé qu’il n’est point question d’une bulle. Il s’agit par contre d’une réalité structurelle du transport aérien européen. Pour notre part, on est tout à fait dans le devoir de réagir afin d’affronter les risques. Nos compagnies offrent certes des services. Mais du moment que le passager est attiré par d’autres offres alléchantes auxquelles il est difficile de résister, on se doit de réagir. Car à défaut d’une prise au sérieux du problème et d’une réaction, on finira par perdre des parts du marché. Et ce sera d’ores et déjà une bataille vouée à l’échec.

TourisMag.com. Face à cette situation et à partir de l’expérience de l’UMPL, quelles sont les principales problématiques auxquelles est exposée l’aéronautique civile dans le Maghreb ?
Jameleddine Harakat. Il est clair que les problèmes sont nombreux. On retrouve d’ailleurs les défaillances classiques propres aux pays en développement. Pour le cas spécifique de notre région, la proximité de l’Europe est une arme à double tranchant. Elle est une chance sans aucun doute nous permettant de placer la barre très haute. Mais c’est également une contrainte qui nous oblige à nous hisser à ce niveau et à tendre par la force des choses au modèle européen. Pour ce réaliser, on doit conjuguer nos efforts, en l’occurrence dans le cadre de l’UMPL qui représente un vecteur aidant à la réalisation de ces objectifs. D’ailleurs, les standards européens sont très exigeants en matière de sécurité et de sûreté et de textes réglementaires régissant le secteur de l’aéronautique.

TourisMag.com. Alors, quelles lacunes relevez-vous ?
Jameleddine Harakat. En effet, parmi les principales lacunes qu’on relève, le manque de coopération entre les structures et les compagnies aériennes. Et ce, en dépit de la concurrence farouche. Ce qui nous amène à nous réunir et nous incite à mettre la main dans la main pour sensibiliser les autorités de tutelle quant aux défis de l’Open Sky et des Low- Cost. Car, de toute façon, on sera confronté à des situations dont on n’aura pas les moyens de gérer. Et l’UMPL de souligner l’importance aussi des compagnies nationales. Notre union est à même de créer une synergie qui permet de centraliser l’achat des appareils et des carburants et d’assurer l’assistance et la maintenance en Europe. C’est une véritable aubaine qui nous permet de consolider les plus forts et de renforcer les plus faibles.

TourisMag.com. Vous avez soulevé la sécurité et la sûreté. Qu’en est-il justement dans le Maghreb ?
Jameleddine Harakat. Au sujet de la sécurité, l’UMPL en a fait son cheval de bataille. A ce stade, on peut tout à fait nous enorgueillir d’avoir réussi à approcher les autorités libyennes en coordination avec l’OACI et l’IFALPA en vue d’adopter le RVSM (Reduced Vertical Seperation Minimum). Celui-ci est un système qui permet d’obtenir plus de fluidité dans le trafic aérien car il multiplie les couloirs disponibles par 2 en espaces aériens supérieurs. Ce système est en vigueur dans toute l’Europe et dans le Maghreb, à l’exception de la Libye. A l’occasion de la dernière conférence annuelle de l’UMPL à Alger (février 2007), nous avons plaidé pour la création d’un nouveau couloir aérien au sud de l’actuel. Ce qui permettra de gagner un temps substantiel sur le trajet entre le Maghreb et le Golfe. S’agissant de la sûreté, chaque partie intervient au niveau des autorités de tutelle afin d’apporter des conseils favorisant la mise en place des dernières normes préconisées par l’OACI. A ce juste titre, on peut affirmer qu’au Maghreb, les normes de sûreté sont en parfaite harmonie avec les exigences internationales.