Non, Monsieur Houas ! Par Lotfi Mansour
 
Autant le dire tout de suite : la prestation du Ministre du Commerce et du Tourisme sur Nesma TV est une grande déception. M. le Ministre a été d’un amateurisme étonnant, jamais connu avant lui.
 
A sa première nomination au sein du gouvernement, M. Houas avait déclaré qu’il démissionnerait  s’il ne réussissait pas au bout de trois mois ; cela apparaissait comme un gage de bonne volonté de la part d’un jeune Ministre qui avait tout à prouver. Aujourd’hui, on est tenté de penser que cette déclaration de M. Houas reflétait seulement son désir de garder son poste. En effet, le chef d’entreprise qu’il est doit savoir que, pour se réaliser, un objectif doit être annoncé et connu de tous ceux qui doivent concourir à sa réalisation. Or l’objectif du Ministre et du Ministère semble changer au gré des rencontres et des déclarations. Ainsi, désormais, sa priorité, nous déclare-t-il, est l’emploi ; en somme, le sauvetage de la saison attendra.
 
La stratégie de M. Houas, elle aussi, semble se faire au gré de ses entretiens avec son « gourou » : Frédéric Lefebvre. En effet, tout au long de la soirée, on a dû assister, mi gênés mi honteux, aux courbettes de notre Ministre devant un secrétaire d’Etat français. Pour le « prestige de l’Etat » voulu par M. Beji Caïd Essebsi, c’était raté. En dehors de cette grande source d’inspiration stratégique, M. Houas décide de la stratégie de communication à adopter en s’isolant sur les salons spécialisés : c’est en s’isolant ainsi à l’ITB, nous raconte-t-il, qu’il a décidé que la révolution tunisienne n’était pas pertinente comme thème de communication. Juste pour ne pas avoir à reconnaître que les Egyptiens ont été plus malins que lui… Mais on ne perd rien pour attendre, M. Houas a une idée de génie : s’il ne vend pas la révolution, il va vendre la Tunisie. Waouh ! magnifique, sans lui on n’aurait pas su.
 
Faute de nous détailler un plan de relance du tourisme et une campagne de communication de crise, que manifestement il n’a pas, M. Houas nous apprend que le budget de promotion est passé à soixante millions de dinars ; chose que les présidents de Fédérations professionnelles présents sur la plateau semblaient découvrir avec nous. Enfin, que faut-il penser d’un Ministre du Tourisme qui a besoin de son collègue à la Culture pour identifier les sites tunisiens d’intérêt touristique ? Que penser d’un ministre du Tourisme qui prétend faire du client tunisien « un client de rodage » ?
 
Plus grave encore, que penser d’un Ministre du Tourisme qui pense pouvoir « expérimenter  sur une région » la régionalisation de la gestion du budget de promotion ? Oui, répondait-il à une question de
journaliste, on peut donner le budget à une région, pour voir… A qui le donneriez-vous, M. le Ministre ? au commissariat régional ou au gouverneur ? et sur quelle base allez-vous décider de ce budget ? En fait, l’ONTT a bien étudié il y a 15 ans sa réorganisation en directions régionales autonomes, avant d’abandonner l’idée. Dans ce registre, le Maroc a créé des GIE régionaux, à l’instar de la France qui a confié sa promotion à un GIE national appelé Maison de La France et que l’étude de la Banque Mondiale nous a recommandé de prendre en exemple. D’ailleurs, de telles restructurations ne sont pas du ressort d’un gouvernement de transition. 
 
Non, M. Houas, vos réponses ne sont pas du niveau d’un Ministre tunisien ; non, M. Houas, vous n’êtes pas à votre place.
 
 
Par Lotfi MANSOUR