Djerba

L’île de tous les sortilèges


Djerba est la plus grande des îles tunisiennes. Avec ses trois îlots satellites (El Gtaya el Bahriya, El Gtaya el Guebliya et Jlij), elle couvre une superficie totale de 514 km² (la dixième île de la Méditerranée) pour une population de plus de 150.000 résidents permanents. Bien qu’administrativement dépendante du gouvernorat de Médenine, Djerba est une entité à part entière, dotée de toutes les infrastructures et équipements de nature à lui assurer une vaste autonomie, hormis en ce qui concerne l’eau potable, rare sur place et pour l’essentiel « importée » du continent via des canalisations.


Ile plate dont le point culminant ne dépasse pas les 50 m, Djerba  a un périmètre de 150 km  pour une longueur maximale de 35 km et une largeur de 33 km. Entourée d’une mer peu profonde (moins de 10 m sur des distances allant de quelques dizaines de mètres à plusieurs centaines de mètres au large), Djerba est accessible par avion (aéroport de Djerba-Zarzis), par mer (port-marina de Houmt-Souk), par bac (à partir de la localité de Jorf, sur le continent) et même par route via la « chaussée romaine » longue de 7 km à partir la péninsule de Zarzis.


L’agriculture,  la pêche et l’artisanat de l’or, de la soie et de la poterie ont pendant longtemps constitué les principales ressources économique de l’île dont la pauvreté des sols ont, de tous temps, poussé la population mâle à chercher  fortune sous d’autres cieux, en exerçant plus particulièrement des activités commerciales. Ceux qui restent tirent leur subsistance au quotidien de l’agriculture qui est pour ainsi dire incorporée au paysage djerbien avec ses palmiers disséminés dans toute l’île et au pied desquels on cultive des légumes et des fruits autour de résidences (les menzels) dont l’allure fortifiée raconte les turbulences de l’Histoire sous ce beau ciel bleu presque à longueur d’année.
Des envahisseurs pas comme les autres.


L’Iles des Lotophages, comme l’ont surnommée les Anciens en référence au débarquement sur l’île d’Ulysse et de ses compagnons que le chant des sirènes avaient conduits en cet endroit. Là, le héros grec aurait rencontré des gens dont l’alimentation se réduisait à la consommation du lotos, mystérieuse plante non identifiée jusqu’à nos jours. Depuis, bien des « visiteurs » se sont relayés sur l’île, souvent pour tenter de la soumettre les populations autochtones berbères ou la saccager. La seule vague d’envahisseurs pacifiques fut celle qui amena une forte communauté juive de Palestine après la destruction du Temple de Salomon par Nabuchodonosor en 514 avant J.C. Des conversions d’indigènes aidant, cette communauté est devenue une composante incontournable du paysage humain djerbien. La synagogue de la Ghriba, dont la légende fait remonter la fondation à cette époque-là avec des pierres ramenées du Temple de Jérusalem, est le témoignage vivant de cette parfaite intégration et ce long compagnonnage.


De cette histoire, Djerba conserve de très nombreux sites et monuments qui couvrent toutes les ères qui se sont succédé sur la Tunisie. Pour l’essentiel, il s’agit d’ouvrages militaires ou civils et spirituels fortifiés. Conjugué à l’originalité du paysage et à la douceur du climat (« l’air y est si pur qu’il empêche de mourir », a dit un poète français), ce patrimoine a constitué un produit d’appel pour attirer les visiteurs étrangers dès le milieu du siècle passé. Aujourd’hui, le tourisme constitue l’une des principales ressources de l’île, si ce n’est la première.


Le développement de ce secteur constitue l’une des priorités de l’Etat qui lui accorde toute son attention en encourageant les investissements tant dans les infrastructures de base que dans les équipements. La zone touristique qui s’étend sur plusieurs kilomètres sur la frange nord-est de l’île accueille des établissements de toutes les catégories ainsi que toutes les para-activités liées à ce secteur. Et si Houmt-Souk (le « quartier du marché », en arabe), chef lieu historique de Djerba abrite l’essentiel de l’infrastructure touristique de ville (restaurants, cafés, hôtellerie diversifiée, centres commerciaux), les autres chefs-lieux et localités de l’île (Adjim et Midoun ainsi que Guellala, pour ne citer que les plus importants) se convertissent progressivement à l’industrie touristique eux aussi.

 


Des particularismes cultivés à travers les siècles



Cette dynamique se traduit par la multiplication des réalisations à l’initiative des autochtones de plus en plus nombreux à s’investir dans ce domaine après l’avoir sciemment évité pendant des décennies.  Et, aujourd’hui, Djerba pullule de centres d’attraction à caractère culturel ou ludique. Des musées privés (celui de Lella Hadhria, l’un des plus captivants de Tunisie, ou celui de Guellala), des parcs culturels et de loisirs (celui de Djerba Explore ou d’El Melgua), des galeries et ateliers d’arts surgissent un peu partout. L’Etat, pour sa part, a aménagé le port-marina de Houmt-Souk depuis quelques années devenu le point de convergence des familles de la ville. Il a rénové l’ancien musée des arts traditions populaires l’a consacré au patrimoine traditionnel de l’île avec de riches collections qui racontent dans un style moderne l’enracinement et le raffinement du genre de vie djerbien. Il a également mis en place à travers l’île d’une signalétique pour mener à tous les sites et monuments historiques et patrimoniaux.


En zone touristique, tous les loisirs sont offerts à une clientèle diversifiée, du casino à la plongée sous marine en passant par le parcours de golfe, les discothèques, dancings, etc.


Milieu longtemps fermé, l’île de Djerba a cultivé bien des particularismes au fil des siècles. L’architecture, certes, mais aussi les tenues vestimentaires traditionnelles, toujours en cours lors des principales cérémonies familiales, en sont une manifestation parmi d’autres. Mais c’est surtout la cuisine qui interpellera le plus facilement le visiteur étranger séjournant en l’île. Parente des autres familles culinaires de Tunisie, elle n’en a pas moins des touches propres qui font les délices des gastronomes. Certains hôtels sacrifient au rite hebdomadaire de la cuisine locale, mais c’est surtout en ville qu’il faut aller la chercher, cette cuisine, dans certains restaurants qui en ont fait leur spécialité et dont ils ont tiré leur prestige, mais aussi dans certaines gargotes qui n’en offrent pas moins toutes les garanties d’hygiène.